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Cultures numériques

Cours de Bachelor 1

Additivsme / Transhumanisme / Posthumanisme

L’humanité devra-t-elle évoluer de sorte de ne pas être dépassée par ses propres technologies ?

Nous nous sommes intéressés au transhumanisme ainsi qu’au post-humanisme, aux modifications qu’un corps humain pouvait subir pour le dépasser, pour "l’améliorer" ou même l’adapter à une société où la place que les nouvelles technologies prend est de plus en plus conséquente. Cette idée nous mène à nous intéresser autant aux modifications génétiques ou cellulaires qu’aux déformations du corps par addition de membres ou d’organes pas exemple. Nous avons par voie de conséquence essayé de nous interroger sur l’impact physiologique, psychologique et physique de la société moderne sur l’évolution de l’humanité. Que faut-il prévenir ou dénoncer ? De quoi peut-on tirer bénéfice ? Dans notre démarche, nous avons pris dans une certaine mesure le parti du détournement et de l’ironie pour critiquer les effets indésirables du potentiel dessein transhumaniste ou post-humaniste.
Nina Six-Youri Tillieux-Elias Sanhaji-Paco Ortuno-Lysa Rose-Tristan Van Enis-Lena O’faigain-Léonard Mulé- Elise Verbruggen-Aurèle.

Notre travail

Recherches

Nous sommes partis du thème de l’additivisme (qui est l’idée d’addition d’objets 3D) que nous avons vite combinée avec l’idée de post-humanisme qui veut que notre humanité soit destinée à muter pour donner naissance à une "post-civilisation humaine" où technologies et humains biologiques fonctionnent en symbiose ou fusionnent. Par extension, nous avons aussi orienté des recherches sur le transhumanisme qui est un mouvement culturel et intellectuel à dimension universelle prônant l’usage des sciences et des techniques afin d’améliorer les caractéristiques physiques et mentales des êtres humains.

Nous nous sommes renseignés sur ce qui était en développement actuellement et nous avons constaté qu’il existait des technologies (notamment bioniques) très avancées qui permettent d’optimiser les capacités physiques de l’Homme. La seule barrière restante semble être l’imagination car nos connaissances permettent également de révolutionner le corps humain et ainsi de réaliser certains fantasmes de l’ordre de la science-fiction !
Pour alimenter nos recherches, nous nous sommes tournés vers ce que les techniques actuelles ainsi qu’aux productions culturelles et les propositions sont plus qu’abondantes. Rien qu’au niveau du cinéma, les inspirations abondent. Pour ne citer que quelques exemples qui résonneront naturellement dans les esprits, il y a l’anime Gost in the Shell avec sa fameuse scène d’introduction « Creation of a Cyborg », Blade Runner, Ex Machina ou encore, le célèbre Robocop sorti en 1987.

Il y a également Bienvenue à Gattaca qui ne semble plus si loin de la réalité : en effet, les techniques actuelles permettent notamment d’inséminer des ovules en dehors de l’utérus. Au stade embryonnaire (lorsque le spermatozoïde entre dans l’ovule), l’ADN est déjà présent. Dès lors, une fois l’ADN analysé, on peut connaître le sexe de l’enfant et s’assurer qu’il sera en bonne santé. Si aujourd’hui cette technique n’est utilisée que dans le cas ou l’un des parents est atteint d’une grave maladie héréditaire, qui peut dire que cette pratique ne sera pas généralisée dans 10 ans ? La problématique fait actuellement débat en France alors que dans le même temps la question de la PMA (procréation médicalement assistée) se discute encore.

La littérature va plus loin, notamment avec l’auteur James G. Ballard qui dans Crash ! célèbre cyniquement le mélange de l’humain avec la technologie. Dans ce roman, l’auteur britannique développe un groupe de personnages fascinés par l’automobile, rugissante et étincelante avec ses plastiques et vinyles, ses jantes en alliage et phares hallucinants. Les protagonistes voient dans l’accident la rencontre mystique des deux corps : la chair périssable et molle marquée par le choc avec le tableau de bord, les os fracassés par l’impact avec la tôle et l’esprit traumatisé par la prise de conscience que l’homme n’est rien devant la toute puissance des moteurs. Ces corps écharpés et détruits, comme ceux des gueules cassées en 1918 sont alors les premiers "êtres nouveaux", "des humains plus totalement humains mais plus qu’humains". Ils sont décrits dans cette littérature comme les prophètes d’une nouvelle étape du développement de notre très grande espèce...

Plus récemment, le jeu vidéo également s’est emparé de cette idée ou de ce thème : on retrouve ainsi des héros au pouvoirs, magiques, surhumains dans de nombreux univers de fantasy (...). La prise fréquente de potion leur permet alors de recharger leur mana (...) etc. Plus proche des questions transhumanistes, la série Deus Ex plonge le joueur dans un futur proche ou une grande partie des humains possède un corps mécanisé. Le jeu pose des questions morales sur la justice d’un monde à deux vitesses ou ceux qui peuvent se le permettre ont des prothèses de meilleure qualité et sont donc des travailleurs plus performants et attractifs que les "pauvres" dont les bras robotiques buguent ou sont à l’origine de dégénérescences.

Une fois notre panel de références assemblé, après avoir s’être intéressés au sujet en tant que "thème culturel" et à son imaginaire, nous nous sommes penchés sur la partie plus technique, technologique et donc scientifique de ce qui existait en matière d’amélioration du corps humain. Nous connaissions déjà le préservatif ou le stérilet, petits accessoires en latex ou en cuivre qui nous permettent de profiter de nos organes génitaux sans faire de nous des géniteurs pour autant. Ou l’appareil dentaire, le dentier, les lentilles qui sont des technologies devenues banales, qui elles aussi contraignent le corps à se modifier voire s’améliorer sur le long terme. Aujourd’hui, nous sommes aussi capables de remplacer un bras ou une jambe en cas d’accident ou d’handicap à la naissance - et certaines prothèses sont presque capables reproduire à l’identique les mouvements naturels du corps. Nous pouvons même changer un organe défaillant (un cas connu est le pacemaker par exemple) et de soigner de très nombreuses maladies.

Ensuite, pour parler d’une histoire factuelle, nous nous sommes également émerveillé du cas de Neil Harbisson, un homme atteint d’une grave forme de daltonisme qui le contrait à voir le monde en noir et blanc. On lui a alors greffé un dispositif dans sa boîte crânienne qui lui permet de "voir en couleur" grâce à l’association d’une note de musique entendue à une couleur lorsqu’il la regarde, on arrête pas le progrès ! La réalité serait-elle en train de dépasser la fiction ? Dans tous les cas nous estimons qu’il est de plus en plus pertinent d’associer ces technologies médicales (ou non) actuelles au concept de transhumanisme.

Nous n’avons pas manqué de nous informer sur les projets d’Elon Musk, le fondateur de Paypal et Tesla. Il serait en train de chercher un moyen de connecter humain et ordinateur afin d’améliorer les capacités intellectuelles (on pense au film Transcendance sorti en 2014). Bruno Maisonnier le fait également, après avoir été le leader dans la création de robot avec sa société Aldebaran, il vient de créer une nouvelle entreprise (Another Brain) qui a pour but d’insérer des puces dans le cerveau humain afin de le rendre plus performants. Les intelligences artificielles, quant à elles, sont en plein développement. On a pu voir récemment le cas de ces deux I.A. Facebook qui ont créé leur propre langage. Autant de découvertes et avancées interloquantes qui sont loin de nous laisser indifférents.


De manière moins visible, la démocratisation des vaccins ou des antibiotiques - on évoquait plus haut la capacité que l’on a à soigner de nombreuses maladies - modifient à long terme le visage de la société. Le taux de mortalité infantile a chuté au cours du XXème siècle et, par exemple, on ne meurt plus des suites d’un rhume . Si ces avancées sont avant tout à notre avantage, elles nous permettent aussi d’être des individus plus "fiables". Si on ne peut pas encore parler de modification d’ADN, notre système immunitaire est maintenant soutenu par tout un attirail. Mais les modifications d’ADN, anticipées, on le rappelle, par des films comme Bienvenue à Gattaca sont de plus en plus réalisables. Depuis les années 2010-15, la technique du CRISPR cas/9 facilite grandement et fait beaucoup baisser les prix de la modification génétique. Il s’agit en fait d’un ciseau à ADN qui permet de remplacer des portions entières du génome. Découverte en 2012 par la scientifique française Emmanuelle Charpentier à l’université de Berkeley en Californie, la technique est déjà utilisée sur des animaux, supprimant les cornes des vaches par exemple. Certains chercheurs pensent même pouvoir utiliser CRISPR afin de faire revivre des espèces disparues !
Fin 2015, des chercheurs chinois pratiquent les premières modifications sur un embryon. Si la communauté scientifique est d’abord sceptique, les moeurs finissent par se détendre et, début 2016, il est accordé qu’en cas de risque létal pour la vie de l’enfant, la technique peut être utilisée. D’autre part au Royaume-Uni, des modifications génétiques embryonnaires sont testées dès janvier 2016. On est là à nouveau dans une application très concrète de la technologie comme modificateur du corps humain.

Réflexions

Bien qu’aujourd’hui personne n’aurait encore l’idée de se couper un bras pour le remplacer par une prothèse bionique, imaginons que la science continue dans sa quête d’amélioration, il ne serait pas insensé de penser qu’un bras bionique pourrait s’avérer plus performant qu’un membre fait de chair et de sang... Nous nous sommes interrogés sur l’éthique de ce geste si le prélèvement de ces nouveaux membres se faisait sur d’autres êtres humains qui n’utilisent plus ou moins certains membres. Imaginons : il serait assez effrayant si une personne qui travaille à la chaîne dans une usine pouvait bénéficier de bras supplémentaires (venant d’une personne qui en a moins la nécessité, par exemple un paraplégique) pour la rendre plus productive.

La question de l’éthique vient s’ajouter dans le cas où les membres pourraient commencer à se commercialiser ou être prélever sans l’accord du détenteur comme cela se fait déjà dans les cas de trafics d’organes. Pourrait-on alors se retrouver avec des personnes dans le besoin qui vendent leur membres pour bénéficier d’argent ou de la valorisation d’un standard corporel rendant obsolètes les corps "démodés" ? Et si ce système se banalisait, comment l’encadrerait-on ? Comment le légaliserait-on ?Puisqu’il faudrait de ce fait aussi adapter toutes les structures que l’on connait maintenant à cette nouvelle forme d’existence. Des lois particulières, de nouvelles infrastructures…
Ou encore, dans ce système de course à la productivité , ne serions-nous pas pris dans une spirale encore plus frénétique de consommation que nous connaissons déjà ? Dans quel embarras irions-nous nous fourrer et surtout quel serait le retour de flammes ? Plus pessimiste encore, dans une société portée sur la maximisation des profits, est-ce qu’un jour avoir un corps modifié ne sera pas un pré-requis ? A qui cela va-t-il profiter ?

Si le corps est voué à s’affranchir de ses tares et à dépasser ses limites mais que la société dans laquelle nous sommes n’évolue pas radicalement, alors les progrès de la biotechnologie ne profiteront qu’aux plus fortunés, ou à ceux dont la fabrication de surhommes suscitera d’autant plus l’appât du gain. Imaginons que ces gens-là se rendent compte du potentiel bénéfice qu’il y aurait à tirer en greffant à un ouvrier de manufacture, par exemple, une paire de bras supplémentaire en guise de prime. Se faisant, les plus méritants travailleurs se verraient accumuler des organes, rendant les tâches moins ardues et augmentant la productivité des salariés. Pour pousser le vice, il pourrait être réclamé aux travailleurs les organes dont ils n’ont pas besoin dans leur profession, plus utiles à d’autres.

Autant de questions que nous ne sommes pas seuls à se poser et qui pourraient bien un jour être résolues puisque nous vivons dans une époque où nos vies côtoient de plus en plus le progrès technologique galopant. Tout cela peut effrayer, réjouir, faire fantasmer ou douter comme en témoignent les nombreuses travaux que les scientifiques, penseurs, artistes, philosophes, réalisateurs, révolutionnaires et lanceurs d’alertes produisent. Le futur c’est pas demain, gardons les yeux ouverts et n’oublions pas qu’avec un marteau on peut tout autant construire qu’anéantir ; à l’humanité de conduire l’usage de ses outils.

Réalisations graphiques / artistiques


Le terme d’additivisme est un concept / néologisme employé dans les milieux artistiques il s’apparente à une pratique qui vise a assembler des éléments ou objets de 3D pour créer une nouvelle forme. Partant de cette idée, nous nous sommes alors posé la question de savoir à quoi pourrait ressembler des humains qui auraient "subi l’additivisme", à qui on aurait greffer des membres pour multiplier leurs capacités physiques. Associée et mise en lien avec la notion de transhumanisme, voici ce que nous en avons fait :

https://www.youtube.com/watch?v=fgJtbBZ7-60&feature=youtu.be

Par , 13 novembre 2017