Numetricks
Patxi Endara
Carla Guillermin
Lella Legrix
Bartholomé Martin
Margaux Fromont
Eliott Jaron
A l’ère de la robotisation et de l’informatisation, l’erreur est omniprésente. Que ce soit un bug, un mauvais branchement, une obsolescence ou encore bien des raisons inexpliquées, elle est partout. Lors de notre premier workshop, on nous a introduit ce concept d’erreur sous plusieurs plans. Après plusieurs propositions au sein de notre groupe, nous avons décidé de partir sur deux expériences : la première serait générée numériquement et la seconde de nature analogique.
Nous n’avons pas seulement souhaité provoquer l’erreur numérique et réfléchir sur elle seule. Nous avons souhaité l’intégrer dans un processus afin que l’erreur devienne un composant d’une narration. Notre projet consistait donc plus en une réappropriation de l’erreur et une utilisation contrôlée.
_ I. La compression numérique d’une vidéo :
a) Point de départ
Nos discussions ont d’abord porté sur des artistes ayant réfléchit l’idée de répétition et d’usure du dispositif. La composition d’Alvin Lucier, "I am sitting in a room" constitue en un enregistrement rejoué dans une autre pièce et ré-enregistré, le dernier enregistrement étant ré-enregistré ailleurs.
Alvin Lucier épuise donc un dispositif en sentant ce qui peut en sortir.
Nous avons tenté d’appliquer cette démarche avec des outils de compressions vidéos numérique.
b) La compression numérique
1. En vidéo, plus le débit vidéo est élevé, plus l’image sera de bonne qualité et plus son poid sera lourd. La compression est donc un moyen de réduire la taille et de diffuser les vidéos sur différents supports. La plupart des codecs ont un débit constant et fixe. Le codec H264 est un codec hyper démocratisé où il est possible de choisir le débit. Grâce à un algorithme complexe, le H264 va compresser la vidéo en se limitant à ce débit.
Sa limite est donc face à des images très complexe où il y a beaucoup d’informations. Les images de nature et de forêt notamment sont des images très difficilement compressé par le H264.
2. Process
L’idée fut donc de partir d’une séquence de film se déroulant en fôret, et de compresser un plan, de le recompresser, et ainsi de suite.
Nous avons donc redécoupé la séquence plan par plan et chaque plan a été compressé différemment via le codec H264. Certains plans était fort compressés une seule fois, d’autre moins compressés plusieurs fois, ainsi de suite...
Une fois chaque plan compressés, nous avons remonté la séquence telle quelle en gardant le rythme et le son.
Nous souhaitions donc integrer la compression numérique et les nombreuses erreurs qu’elle génère comme faisant partie du récit. Dans le cas de la séquence choisie, la compression des images apportent d’autres éléments qui vont déplacer la narration.
Nous avons souhaité aller plus loin en superposant le même dernier plan mais compressé différemment. Les outils de fusion d’after affect permettant de révéler d’autres artefacts.
Notre projet a donc constitué en une appropriation des erreurs numériques de compression. Nous voulions les utiliser comme un outil narratif ayant un impact sur le spectateur. Donner ses lettres de noblesse à l’erreur en quelque sorte.
Notre deuxième tentative a été de voir si nous pouvions avoir un même contrôle avec un dispositif analogique en l’occurence une pédale de loop.
_ II. Expérience sonore analogique : une pédale décalée
a. Notre référence pour ce projet fut l’album The Desintegration Loop de William Basinski. Ce sont des enregistrements sur des bandes abimées, au cours de l’album, elles se désagrègent progressivement.
b. Déroulement de l’expérience
Nous avions en notre possession une pédale de loop défectueuse. Bartholomé, son possesseur, en avait fait les frais au cours d’enregistrements sonore. Au fil de l’enregistrement, la pédale se mettait à dérailler, une distorsion du son progressive se faisait alors sentir.
Équipement :
– un amplificateur audio
– une pédale analogique
– un micro
– un dictaphone
Étape 1 :
Capture sonore de plusieurs samples de la voix de Bartholomé à l’aide du micro.
Activation du mode LOOP et capturer avec le dictaphone les premiers essais.
Remarque :
Un léger changement dans les 3 premières secondes.
Question :
Cette distorsion est-elle du à l’enregistrement audio et transforme automatiquement tout les sons qu’elle enregistre ? Ou serait-ce un bug de la machine ?
Étape 2 :
Laisser le loop tourner en boucle pendant 1h30 afin d’avoir un réel écart entre le loop de base et sa finalité, si la pédale modifie se dernier.
Remarque :
Malgré les distorsions que nous avons cru entendre à l’oreille, le résultat est unanime. L’enregistrement du début est exactement le même, après 1h30 de loop.
- Loop enregistré
- Après 1h15 de loop
- Compilation du premier enregistrement et du second
Résultat expérience : ÉCHEC
Conclusion de cette expérience
Nous avons voulu contrôler l’erreur, en calculant les failles d’une machine or cette machine nous a eu. Elle n’a distordu le son que les 3 premières secondes, le temps que la machine stabilise sa captation. Au bout des 1h30 de loop, la machine n’a pas modifié le sample. Nous avons attendu une erreur bien précise de cette machine et elle ne s’est pas produit.
Cependant, alors que nous testions la pédale, la machine a produit des sons de bug de temps à autre, bien sûr nous ne l’enregistrions pas lorsque cela s’est produit.
Alors que les outils numériques sont des outils que l’on peut contrôler facilement, l’analogique est un outil difficile à maitriser, l’erreur n’est pas calculée mais bel et bien hasardeuse. Il peut être très difficile de comprendre l’origine du bug et encore plus si nous n’avons pas de connaissances technologiques.