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Cultures numériques

Cours de Bachelor 1

Inside : quelques références

Des exemples potentiels autour du workshop

Le jeu multijoueur Animal crossing a été utilisé comme lieu de protestation comme réponse à la répression policière et politique et la crise du Covid.

Des joueurs de Final Fantasy, autre jeux multijoueur, ont défilé en procession dans le jeu en mémoire de gamers morts du Covid.

Le Telegarden de Ken Goldberg était une installation télérobotique qui permet à distance aux internautes de voir, de planter, d’arroser des plantes d’un microscopique jardin. Ce jardin est mis en place à la mi-août 1995 à l’université de Californie du sud.
Pendant l’été 1996, le jardin est transféré à Linz (Ars Electronica) en Autriche, où il est connecté à Internet jusqu’à l’été 1997.
Les internautes ont accès au jardin par une interface qui leur donne une vue du dessus, et une vue leur permettant de situer le robot dans l’espace. En cliquant sur une image d’une des zones du jardin, on peut commander au robot de se déplacer dans cette zone. Après avoir effectué le mouvement, le robot envoie une image actualisée du jardin. On peut ainsi explorer tout le jardin en cliquant avec une souris.

La managerial leisure suit des Yesmen se présente comme une solution pour briser la solitude du manager de travailleur à distance. Une tenue dorée, munie de nombreux capteurs, permet d’interagir avec son corps avec des travailleurs de pays pauvres. Voir la vidéo de présentation.

Seth Phillips, sur son compte Dude With Sign, poste des photos de lui dans les rues de New York portant des cartons sur lesquels des ordres simples sont donnés à la popualtion.

Le channel vidéo de Magibon, une mystérieuse jeune fille plus ou moins asiatique , est constitué de vidéos dans laquelle la jeune fille est filmé en gros plan face caméra, fixant l’objectif avec des yeux de bambi. Ce channel, commencé en 2006, soit le tout début de Youtube, garde la même logique.

Why I Am Teaching a Course Called “Wasting Time on the Internet” de Kenneth Goldsmith, 2014

Vivre sans temps mort. - Graffiti situationniste, Paris, mai 1968. Nous passons notre vie devant des écrans, le plus souvent en perdant du temps : en regardant les médias sociaux, des vidéos de chats, en discutant et en faisant du shopping. Et si ces activités - cliquer, envoyer des SMS, mettre à jour son statut et surfer au hasard - étaient utilisées comme matière première pour créer des œuvres littéraires convaincantes et sensibles ? Pourrions-nous reconstruire notre autobiographie en utilisant uniquement Facebook ? Pourrions-nous écrire une grande nouvelle en pillant notre flux Twitter ? Pouvons-nous recadrer Internet comme le plus grand poème jamais écrit ?

En utilisant nos ordinateurs portables et une connexion wifi comme seuls matériels, cette classe se concentrera sur la récupération alchimique de la navigation sans but dans des œuvres littéraires importantes. Les élèves devront fixer l’écran pendant trois heures, en n’interagissant que par le biais de salons de discussion, de bots, de médias sociaux et de listes de diffusion. Pour renforcer notre pratique, nous explorerons la longue histoire de récupération de l’ennui et de la perte de temps à travers des textes critiques sur la théorie de l’affect, l’ASMR, le situationnisme et la vie quotidienne de penseurs tels que Guy Debord, Mary Kelly Erving Goffman, Betty Friedan, Raymond Williams, John Cage, Georges Perec, Michel de Certeau, Henri Lefevbre, Trin Minh-ha, Stuart Hall, Sianne Ngai, Siegfried Kracauer et d’autres. La distraction, le multitâche et la dérive sans but sont obligatoires.

https://www.newyorker.com/books/page-turner/wasting-time-on-the-internet
http://cup.columbia.edu/book/uncreative-writing/9780231149907

David le Breton Disparaître de soi. Une tentation contemporaine, Éditions Métailié, 2015

Il arrive que l’on ne souhaite plus communiquer, ni se projeter dans le temps, ni même participer au présent ; que l’on soit sans projet, sans désir, et que l’on préfère voir le monde d’une autre rive : c’est la blancheur. La blancheur touche hommes ou femmes ordinaires arrivant au bout de leurs ressources pour continuer à assumer leur personnage. C’est cet état particulier hors des mouvements du lien social où l’on disparaît un temps et dont, paradoxalement, on a besoin pour continuer à vivre.

David Le Breton signe là un livre capital pour essayer de comprendre pourquoi tant de gens aujourd’hui se laissent couler, sont pris d’une “passion d’absence” face à notre univers à la recherche de la maîtrise de tout et marqué par une quête effrénée de sensations et d’apparence. Voilà qu’après les signes d’identité, c’est cette volonté d’effacement face à l’obligation de s’individualiser, c’est la recherche d’un degré a minima de la conscience, un “laisser-tomber” pour échapper à ce qui est devenu trop encombrant, qui montent. La nouveauté est que cet état gagne de plus en plus de gens et qu’il est de plus en plus durable.

Keepalive, Aram Bartholl (DE), 2015

Un rocher de la région de Neuenkirchen (Basse-Saxe) contient un générateur thermoélectrique qui convertit directement la chaleur en électricité. Les visiteureuses sont invité.es à faire un feu sous le rocher afin d’alimenter un routeur wifi installé à l’intérieur de la pierre, révélant ensuite une grande collection de guides de survie.

Le routeur inspiré par piratebox.cc n’est pas connecté à Internet. Il propose aux utilisateurs de télécharger les guides et de télécharger autant de contenu qu’iels le souhaitent dans la base de données proposée. Tant que le feu produit suffisamment de chaleur, le routeur reste allumé.
Le titre Keepalive fait référence à un protocole utilisé sur les réseaux : un message est envoyé d’un appareil à un autre pour vérifier que la connexion entre les deux est bien active, ou pour empêcher qu’une connexion se brise, notamment dans le cas d’une connexion soumise à une minuterie.
‎Keepalive sur le site de Aram Bartholl.

http://www.datenform.de/keepalive-eng.html
https://vimeo.com/142945345

DASHA ILINA (RU), CENTER FOR TECHNOLOGICAL PAIN, 2018

L’artiste russo-française Dasha Ilina a créé le “Center for Technological Pain“, une parodie de start-up qui propose un catalogue de services et solutions aux problèmes engendrés par nos usages des technologies. Elle propose notamment des techniques d’auto-défense pour contrer les incivilités des utilisateurs de smartphone ou encore des produits ergonomiques destiné à protéger notre santé et à améliorer notre bien-être face aux machines.

https://dashailina.com/
http://centerfortechpain.com/objects.html
→ La chaîne Vimeo du “Center for Technological Pain“ : https://vimeo.com/centerfortechpain
https://vimeo.com/325058601

Ana Voog (USA), anacam, 1997

Ana Clara Voog (1966) est une musicienne, artiste visuelle, artiste de performance et autrice de Minneapolis, dans le Minnesota. Le 22 août 1997, Voog a lancé anacam, l’une des premières webcams (inspirée de JenniCam) qui diffusait en direct, 24 heures sur 24, depuis un domicile. Selon ses propres termes, anacam était "la première webcam art+life de l’internet", 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7.

https://en.wikipedia.org/wiki/Ana_Voog

Petra Cortright (US), VVEBCAM, 2007

VVEBCAM (2007) de Petra Cortright est une vidéo YouTube dans laquelle l’artiste fixe intensément une webcam alors que des figures de clip art cartoonesques flottent autour de son visage.
Ce premier exemple de YouTube en tant que média s’écarte des tropes habituels du genre camgirl, sans insinuation érotique ni adresse directe à la caméra. Il dépeint plutôt Cortright comme une utilisatrice d’ordinateur, profondément immergée dans les effets visuels grand public disponibles via sa webcam.

Contrairement à une camgirl typique, Cortright s’est également engagée dans des flamewars avec ses commentateurs. Elle a publié la vidéo avec une liste de mots-clés copiés à partir de comptes de spam, attirant ainsi les spectateurices qui cherchaient sur YouTube des contenus titillants ou offensants, et trompant leurs attentes. Ainsi, la dynamique de YouTube en tant que première plate-forme de médias sociaux a été intégrée à l’œuvre elle-même.
Ces mots-clés de spam ont également conduit à la décision de YouTube de retirer la vidéo en 2010.
https://anthology.rhizome.org/vvebcam

Wafaa Bilal (Irak), Domestic Tension, 2007

Pour Domestic Tension, une performance de longue durée en réseau, l’artiste irakien Wafaa Bilal s’est limité à un espace de galerie. Il a diffusé sur Internet 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, invitant les spectateurices à le regarder et à discuter avec lui à toute heure. Le public avait également la possibilité de tirer sur Bilal avec un pistolet de paintball contrôlé par un robot.

Domestic Tension était l’un des nombreux efforts déployés par Bilal pour mettre en lumière la violence et le racisme de la culture américaine après le 11 septembre et pour sensibiliser les gens aux souffrances que les Irakiens endurent depuis des années. Au cours de la représentation, il s’est attaqué au traumatisme de ses propres expériences sous le régime de Saddam Hussein, pendant les attaques de la guerre du Golfe et les années de brutalités entre sunnites et chiites qui ont survécu.
En plus de mettre en avant l’expérience vécue de la guerre, Domestic Tension a également abordé la médiation de la violence par le biais de la technologie numérique, et la ludification que cela permet. D’un clic de souris, les participant.es en ligne peuvent devenir des soldat.es, tirant avec un fusil de paintball qui peut causer des dommages réels (bien que non mortels) à Bilal. Sous la ligne de feu constante des internautes attiré.es par la promesse de "tirer sur un Irakien", le logement de l’artiste est devenu une zone de guerre pour une cyber-milice éloignée, tandis que le salon de discussion s’est rempli de disputes entre les assaillants invisibles de Bilal, et ses allié.es et défenseureuses.
https://anthology.rhizome.org/domestic-tension
https://youtu.be/F_L6BC9O0rY

Nadja Buttendorf (DE), soft_nails_asmr_kleincomputer_robotron, 2018

Issue de la culture du net, l’ASMR (Autonomous Sensory Meridian Response) est une forme de stimulation physique via des chuchotements et des sons doux qui s’est développée et répandue sur la plus importante des plateformes vidéo en ligne, YouTube. Le/la spectateurice/auditeurice apprécie les frissons procurés par ces sons très doux. Les vidéos ASMR sont souvent réalisées par de jeunes femmes, qui les conçoivent comme une activité de soin.

La plupart des vidéos ASMR utilisent les derniers ustensiles high-tech pour évoquer ces picotements. Nadja Buttendorf détourne cette pratique en utilisant du matériel hightech du passé. Elle nous présente le Kleincomputer Robotron KC 87 sous toutes ses coutures. KC signifie Kleincomputer, soit littéralement petit ordinateur en français. Il a été mis sur le marché en 1987 dans l’ex-Allemagne de l’Est par une entreprise de Dresde appartenant au combinat Robotron.
https://nadjabuttendorf.com/kc87/
https://www.youtube.com/watch?v=VD6-EUuUzN4&feature=emb_title

Jen(nifer Katanyoutanant) (Thaïlande), Mukbangroulette, The Dinner Table, 2019

Inspirée par une pratique en ligne sud-coréenne appelée Mukbang (où les hôtes mangent de grandes quantités de nourriture), l’artiste Jennifer Katanyoutanant, basée à Bangkok, crée une série de vidéos et d’expériences interactives en direct intitulée The Dinner Table.

Dans Mukbangroulette, elle crée un site web pour les millions de fans de mukbang et décompose la communication passive à sens unique en un site interactif à double sens permettant de dîner en ligne les un.es avec les autres. Dans un monde où les gens sont plus solitaires que jamais, Katanyoutanant considère The Dinner Table comme un brouillage de la culture mukbang.
https://jenkatanyo.com/2020/07/09/the-dinner-table/
https://vimeo.com/321077007

No Fun, Eva & Franco Mattes, 2010

Eva et Marco Mattes dénoncent la passivité des utilisateurs d’Internet dans cette performance choc, No Fun, elle-même partie prenante d’une exposition justement titrée “la réalité est surévaluée”. Utilisant la célèbre plateforme de chat vidéo, Chatroulette.com, Marco met en scène son suicide par pendaison, seul, dans une chambre sordide.

Les réactions des utilisateurs de Chatroulette, qui vont de la fascination morbide à l’indifférence, sont filmées et retransmises en vidéo. Plus hardcore, le couple monte une fausse vidéo snuff movie (film dans lequel on assassine en direct) et filme les réactions des spectateurs. Violence, pornographie, exhibitionnisme et voyeurisme, les failles morales présentes sur Internet, sont les cibles favorites du couple italien.
(The video was banned from YouTube)
https://vimeo.com/11467722

Elisa Giardina Papa (IT), Technologies of Care, 2016

Elisa Giardina Papa dépeint des travailleur·euse·s qui offrent des micro-services en ligne, des prestations fétichistes ou un soutien affectif, et leur donne une voix. Dans Technologies of Care, l’artiste s’entretient avec plusieurs travailleur·euse·s du numérique : une artiste ASMR (Autonomous Sensory Meridian Response), un petit ami virtuel, une coach de rencontres en ligne, une conteuse et performeuse vidéaste, une fan des réseaux sociaux, une scientifique qui fait simultanément du design d’ongles et du service à la clientèle. Elle a trouvé ces travailleur.euse·s freelance au Brésil, en Grèce, aux Philippines, au Vénézuela et aux États-Unis, où elles offrent leurs services de manière anonyme, depuis leur domicile, via des plateformes en ligne qui en tirent profit. À l’exception du petit ami virtuel, toutes les interviews sont interprétées par des voix féminines. Les entretiens se lisent comme des enquêtes ethnographiques, tandis que les vidéos fonctionnent comme des pièces de théâtre intimistes sur le néolibéralisme numérique débridé.
Technologies of Care​ documents new ways in which service and affective labor are being outsourced via internet platforms, exploring topics such as empathy, precarity, and immaterial labor.

The video visualizes the invisible workforce of online caregivers. The workers interviewed in "Technologies of Care" ​include an ASMR artist, an online dating coach, a fetish video performer and fairytale author, a social media fan-for-hire, a nail wrap designer, and a customer service operator. Based in Brazil, Greece, the Philippines, Venezuela, and the United States, they work as anonymous freelancers, connected via third-party companies to customers around the globe. Through a variety of websites and apps, they provide clients with customized goods and experiences, erotic stimulation, companionship, and emotional support.
The stories collected in ​Technologies of Care include those of non-human caregivers as well. One of its seven episodes, ​Worker 7 - Bot ? Virtual Boyfriend/Girlfriend​, documents the artist’s three-month-long “affair” with an interactive chatbot.
www.elisagiardinapapa.org
https://vimeo.com/184187159

Laurie Anderson (USA), Habeas Corpus, 2015

Dans une installation intitulée Habeas Corpus, Anderson projette l’image de l’ancien (un des plus jeunes) prisonnier de Guantanamo, Mohammed el Gharani, sur un rendu en plâtre grandeur nature. La sculpture, librement modelée d’après le Lincoln Memorial, montre el Gharani assis sur une chaise, ce qui lui donne un sentiment de présence, même s’il se trouve en fait dans un studio en Afrique de l’Ouest, avec une caméra pointée sur lui. Il ne peut pas voyager en Amérique, donc, dans un sens, l’installation d’Anderson est la position la plus proche qu’el Gharani a de visiter le pays.

En plus du fait qu’à Guantanamo, les gens sont déclarés comme des non-personnes, alors qu’ici, à l’Armurerie, il est difficile de nier l’aura surhumaine d’el Gharani. (Un paysage sonore original et immersif y mélange les guitares et les amplis en feedback, conçu à l’origine par Lou Reed, avec des sons dérivés de surveillance audio et de nature.)
https://laurieanderson.com/?portfolio=habeas-corpus
https://youtu.be/kUKLA-W0nDM

Daniela de Paulis, cogito in space, depuis 2013

COGITO in Space est un projet artistique interdisciplinaire qui spécule sur les possibilités créatives et philosophiques d’explorer le cosmos avec l’esprit. Le projet permet aux participant.es d’envoyer leur activité cérébrale dans l’espace, comme action symbolique pour faire passer la conscience d’une perspective Terrocentrée à une perspective cosmique.

Un.e visiteureuse envoie depuis la cabine du radiotélescope Dwingeloo aux Pays-Bas son activité cérébrale sous forme d’ondes radio dans le cosmos tout en regardant une vidéo immersive de la Terre vue de l’espace.
http://www.cogitoinspace.org/
https://vimeo.com/352011408 (52 mn)
https://vimeo.com/341197985

Par Stéphane Noël, Lucille Calmel, 4 octobre 2020