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Cultures numériques

Cours de Bachelor 1

Free Basic, le néo-colonialisme numérique

Amaury Valvatte, Agathe Wolff

Après avoir exploré, par le prisme d’un archivage photographique à visée anthropologique, différentes manifestations du colonialisme du XIXème et début XXème siècle, Antje et Michael nous proposent de mettre ces logiques en parallèle avec celle de la reconnaissance faciale, de donc trouver un dénominateur commun entre les enjeux du colonialisme et ceux des nouveaux outils numériques.
Nous décidons alors de nous pencher sur un cas précis, celui de Facebook et du continent africain, pour ainsi mettre en évidence les méthodes insidieuses que les nouvelles multinationales du numérique mettent en place de manière à coloniser de nouveaux territoires.
En effet, ces derniers semble reproduire éhontément des logiques coloniales, Facebook se faisant passer pour le bon colon qui souhaite réduire la fracture numérique africaine pour éclairer l’internet africain à la lumière d’un étroit faisceau.
De premiers essais d’Internet.org, le programme de prise d’assaut numérique du monde, via l’application Free Basic se font en 2016 en Inde (où seul 1 indien sur 6 est connecté), mais c’est un échec : suspicieuse, l’autorité indienne de régulation des télécommunications coupe le réseau le soupçonnant d’enfreindre la neutralité du net. C’est une opinion qui est très largement partagé par un grand nombre de la population indienne, notamment des professeurs de sciences et d’informatique qui alertent quant à la dangerosité de cette plateforme.
Facebook ne se laisse pas pour autant démonter, et poursuit sa conquête du monde numérique avec l’Afrique, continent le moins connecté au monde avec seulement 18% de foyer équipés d’internet (contre 84% en Europe par exemple). Il est cependant difficile de croire en un humanisme pur et désintéressé de la part de Facebook.
En effet, l’isolement numérique de ce continent et l’urgence que ce problème soulève constitue une réelle aubaine pour la multinationale, qui vient répondre a un besoin en éclairant ce pauvre peuple, tributaire de leur lumière. Difficile effectivement de ne pas penser à la diffusion de la pensée occidentale (uniformisée par les Lumières) imposé de force dans le monde par les biais du colonialisme du XIXème et XXème siècle. Cependant le problème de la fracture numérique, de l’exclusion du continent africain par ce biais, pointée du doigt par Facebook est indéniable, et bien plus concret que l’abstraite et européanocentrée mission d’enrichissement culturelle du colonialisme du XIXème et XXème siècle. C’est ainsi que Facebook se retrouve accueilli par plus d’une 20aine de pays africains, comme le bon néo-colon, héroïque sauveur de cette détresse numérique.
Nous relevons rapidement que la solution proposée par Facebook se revèle sans grande surprise dangereuse et despotique.
Le réseau proposé par Facebook est limité, ne laisse pas accès à des sites concurrentiel du géant, constituant une à peine cachée mais grave atteinte à la neutralité du net. De plus il semblerait (c’est entre autre ce que soulevaient les professeurs indiens opposants de Free Basic) que Facebook ait alors accès aux données utilisateurs sur toute la plateforme, et pas uniquement sur le site de Facebook. Rien de vraiment libre, ni de basique donc, puisque l’accès à internet est alors réduit, contraint, et constitue pour Facebook une riche et insoupçonnée source de data.
Ce sérieux problème d’exclusion et de fracture numérique doit cependant être pris en charge mais alors la solution la plus adaptée semble que la prise en charge soit faite par des opérateurs locaux, tout en se posant la question de la partialité de ces derniers.
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Par Guest, 10 janvier 2019