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Cultures numériques

Cours de Bachelor 1

Séance d’introduction 2022

Le cours Cultures numériques est une boîte à outils en 2 parties, constituée de cours théoriques et d’ateliers pratiques.
Le cours entend mettre en relation les technologies numériques avec des pratiques artistiques.

Les dates des cours se trouvent sur ce site.
Ce cours est obligatoire. Les cotes sont basées sur la présence aux cours, une épreuve théorique en fin de premier quadri et un workshop au second quadrimestre.

On abordera cette année une série de thèmes comme les standards industriels, le droit d’auteur, le rapport entre textile et informatique, la surveillance et la gouvernance algorithmique, les NFT, cryptomonnaies et blockchain, etc.
Le workshop du second quadrimestre est en préparation, probablement autour du rapport entre humain et non humain.

Introduction

Pandémie, zoonose, crise de l’énergie, guerre d’invasion de la Russie, crise climatique, écocide et disparition du vivant, le moment présent est lourd de menaces.
En quoi le numérique participe-t-il de l’état du monde ?
En quoi peut-il aider à apporter des solutions, des changements ?

Le numérique est un ensemble de phénomènes techniques et sociaux agrégés, l’un des buts de ce cours est de déplier ce qui se trouve derrière certains de ces phénomènes, à la fois portés par des politiques publiques et privées, promus par des mouvements de société qui sont modifiés en retour par ces technologies.
Les technologies sont intimement liées à la construction de nos sociétés, mais là comme ailleurs rien n’est écrit, il n’y a pas de téléologie ni d’eschatologie fermée pour nos histoires personnelles et collectives.
Pour le montrer, on regardera comment les technologies sont agies, c’est-à-dire poussées, tirées dans des directions parfois contraires par des personnes, mais plus souvent par des collectivités de différentes tailles, des activistes jusqu’au états.

Anecdotes récentes

> Ludi

Californiadobe stories

Adobe rachète Figma

Figma est un logiciel collaboratif de prototypage et de design dans le cloud, basé sur le web. Il permet de réaliser des maquettes pour site web (UI) et développer des applications web et mobile.
Parmi ses clients, on trouve des grandes firmes technologiques telles Airbnb, Google, Spotify, Netflix et Twitter.

Timeline des outils

  • Sketch, 2010 édité par la société néerlandaise Bohemian Coding
  • Figma, 2012
  • Adobe XD 2016

L’hypothèse de base du projet Figma en 2012, était que la combinaison du Web 2.0, des réseaux sociaux et de la téléphonie mobile avait finalement créé la possibilité de créer des logiciels collaboratifs réellement utiles et conviviaux dans le nuage, qui étaient un ordre de grandeur meilleurs que les logiciels de bureau et qui entraîneraient enfin la migration des professionnels vers les applications Web.
En fournissant des machines très puissantes dans le nuage, n’importe qui pouvait avoir accès à une quantité presque arbitraire de puissance sans dépenser 10 000 $, et la latence et la bande passante avaient progressé au point que l’envoi des bits de l’interface utilisateur au client était un problème résolu.

« Les outils de productivité d’avenir seront basés sur le web, collaboratifs, et dotés d’une nouvelle génération de fonctionnalités », déclare aujourd’hui le président des activités Digital Media chez Adobe.
Adobe ne précise pas l’impact de cette acquisition sur les futurs développements de Figma et d’Adobe XD.
Figma et Adobe XD ont des forces complémentaires : les fonctions liées à la conception d’un design system sont très avancées sur Figma, quand Adobe XD bénéficie de l’intégration aux autres outils de la suite Adobe Creative Cloud. Les deux solutions s’adressent clairement aux mêmes profils, pour répondre aux mêmes besoins, il paraît difficile d’imaginer une cohabitation à très long terme.
Si l’éditeur réussit à tirer le meilleur des deux logiciels, cela contribuera encore à renforcer sa position de leader auprès de la communauté des designers.
https://www.figma.com/pricing/

PostScript fontstop
Lorsqu’Adobe a lancé PostScript en 1984, il prenait en charge deux types de polices différents : Type 1 et Type 3. Le type 1 était le format le plus sophistiqué. Il prenait en charge le hinting, une technique permettant d’améliorer la qualité de la sortie sur des périphériques à faible résolution ou pour des tailles de police plus petites, ainsi qu’un algorithme de compression plus efficace des données de police. Les spécifications du type 3 offraient certaines fonctionnalités qui n’étaient pas présentes dans le type 1, mais il s’agissait clairement d’un format moins sophistiqué.

Les spécifications du type 3 offraient certaines fonctionnalités qui n’étaient pas présentes dans le type 1, mais il s’agissait clairement d’un format moins sophistiqué.
Adobe a gardé pour lui les spécifications des polices de type 1. Il a constitué une bibliothèque complète de polices de type 1 que ses clients pouvaient acheter. Chaque périphérique de sortie PostScript comprenait 36 de ces polices, ce qui, à l’époque où les polices étaient encore chères, compensait quelque peu le prix élevé des imprimantes PostScript.
Les spécifications des polices de type 3 ont été publiées et des outils permettant de créer des polices de type 3 ont rapidement vu le jour. Des fonderies de caractères comme MonoType ont publié des bibliothèques entières de polices de type 3. Le fait qu’Adobe ait gardé pour lui le format de police supérieur a suscité la colère de toutes ces sociétés, mais dans le même temps, PostScript a connu un succès fulgurant qui a débouché sur un marché beaucoup plus vaste où chacun pouvait vendre des polices.

Adobe a proposé Display PostScript à Apple et à Microsoft, mais les deux entreprises étaient réticentes à l’idée de confier à une autre société le contrôle d’un élément essentiel de leur système d’exploitation. Elles n’étaient pas non plus disposées à payer les fortes redevances exigées par Adobe. Réalisant qu’elles partageaient un problème commun, Apple et Microsoft ont décidé d’unir leurs forces. Iels mettent en place le format TrueType fin des années 80.

En 1996, Adobe et Microsoft ont surpris l’ensemble du secteur en annonçant qu’ils allaient développer conjointement un nouveau format de police qui fusionnerait les deux principales technologies de police, PostScript et TrueType. Cette nouvelle technologie a reçu le nom de code OpenType.

Début 2021, Adobe a annoncé que ses applications Creative Cloud, comme InDesign et Illustrator, cesseront de prendre en charge les polices de type 1 en janvier 2023. Dans Photoshop, la prise en charge des polices de type 1 prend déjà fin en 2021. Étant donné la domination d’Adobe dans la création de contenu, cela signifie que le format de police Type 1 est effectivement mort.

À partir de cette date, les utilisateurs ne pourront plus créer de contenu avec des polices Type 1.
Le format OpenType domine le marché.

https://helpx.adobe.com/be_fr/fonts/kb/postscript-type-1-fonts-end-of-support.html

Monopole chapters
En 1980, Microsoft signe un accord avec IBM pour développer un système d’exploitation pour les ordinateurs personnels IBM PC. MS-DOS est commercialisé aux États-Unis à partir du 12 août 1981. Il s’agit d’une version modifiée d’un autre produit : Microsoft a, le 6 janvier 1981, acquis des droits d’exploitation de 86-DOS à la société Seattle Computer Products (SCP), puis le 22 juillet 1981 a conclu un accord de commercialisation permettant à Microsoft de présenter le produit comme sien et à SCP de toucher des redevances sur le volume de vente.

En 1987, Thomas Knoll, un étudiant de l’université du Michigan, commence l’écriture d’un programme pour afficher des images en niveaux de gris sur écran monochrome, « Display » qu’il retravaille et appelle Photoshop. J. Knoll se rend dans la Silicon Valley pour présenter le programme à Apple et à Russell Brown, directeur artistique d’Adobe. Photoshop 1.0 est lancé en 1988 et voit le jour en 1990 sur Macintosh.

2005 rachat de Macromédia avec comme but principal la propriété du lecteur Flash. Apple, qui est en train de monter en puissance et lance plusieurs nouveaux produits permettant l’accès au web (le iphone et ses tablettes) décide de ne pas permettre l’usage du plugin Flash sur ces appareils. Ceci va sonner le déclin du plugin jusqu’à son abandon le 31 décembre 2020.

2010 un groupe de 5 000 graphistes rassemblés sous la bannière Free FreeHand s’élève contre la politique de l’éditeur en matière de concurrence au sein des logiciels d’illustration vectorielle.
L’historique d’Adobe en terme d’acquisition est bien flippante.

Emoji birthday

Ce 20 septembre, la dernière version d’Unicode ajoute la méduse ou l’orignal aux 3 600 émojis existants.
Le 19 septembre 1982, à 11 h 44, Scott Fahlman est entré dans l’histoire de l’Internet en assemblant deux points, un trait d’union et une parenthèse fermée.
Fahlman, professeur d’informatique à la Carnegie Mellon University, a posté " : - )" sur le tableau d’affichage en ligne de l’école, une sorte de réseau social primitif accessible uniquement par les autres membres de l’intranet fermé de l’université et limité au texte.
L’émoticône originel et ses nombreuses déclinaisons n’ont pas été immédiatement popularisés. Au Japon, l’opérateur de téléphonie mobile NTT Docomo introduit au milieu des années 1990 un petit cœur noir sur ses pageurs. Succès immédiat. En 1999, il amplifie le mouvement en publiant un ensemble de 176 émojis, désormais dans les collections du MoMa, à New York.

C’est grâce à Unicode que l’émoji s’est répandu hors du Japon, quand l’organisme s’est “chargé de sa normalisation en 2010”, à la demande des géants de la tech Apple et Google. Et en 2015, “l’émoji visage qui rit aux larmes (😂) a été nommé mot de l’année par le dictionnaire Oxford”.

Il existe aujourd’hui plus de 3 600 emojis permettant aux utilisateurs d’exprimer toutes leurs émotions et de résoudre efficacement le problème initial identifié par Fahlman : donner à nos mots un sens plus profond de l’incarnation.
Unicode, qui établit des normes technologiques internationales pour prendre en charge différentes langues, s’est chargé de la normalisation des emoji en 2010 à la demande d’entreprises technologiques comme Apple et Google.
« Cela est entré dans Unicode à l’époque où il y avait moins de règles », a déclaré Jeremy Burge, fondateur d’Emojipedia. « Aujourd’hui, il y a beaucoup de règles, et elles sont assez bien documentées et les nouveaux emojis passent par un processus assez rigoureux. »

Le procédé de validation d’Unicode prévoit que les projets de nouvelles émoticônes sont “ouverts aux commentaires avant d’être approuvés pour être utilisés en septembre de chaque année”. À charge ensuite pour les fabricants de smartphones et d’ordinateurs de décider de la mise à disposition des nouveaux émojis pour leurs utilisateurs.

La version 15 du standard représentent désormais les grossesses trans et non-binaires. Elle accueille une tête qui secoue, une méduse et un élan. À noter aussi l’ajout d’objets trans-neptuniens (TNO) récemment découverts dans le système solaire.

https://home.unicode.org/announcing-the-unicode-standard-version-15-0/
https://unicode.org/emoji/charts-15.0/emoji-released.html

> Stéphane

“Free speech is essential to a functioning democracy”

Elon Musk et la liberté des puissants
Le 14 avril, Elon Musk propose de racheter l’ensemble des parts de Twitter pour 43 milliards de dollars.
Il annonce vouloir promouvoir la parole libre sur la plateforme, “I want to make Twitter a free speech platform. ... defeating the spam bots, and authenticating all humans”

Il s’engage après négociation à un rachat pour le montant de 44 milliards. Le 8 juillet, cependant, il annonce annuler son offre de rachat au prétexte que Twitter n’a pas fermé les millions de compte alimentés par des bots. Une action en justice est alors intentée par Twitter.

Il faut mettre cette séquence en relation avec le fait que Peiter Zatko, l’ex-chef de la sécurité de Twitter licencié en janvier, a détaillé quelques jours plus tôt son rapport remis aux autorités américaines sur des graves failles de sécurité.
L’informaticien de 51 ans, recruté fin 2020 après un piratage spectaculaire de certains profils, assure avoir tenté d’alerter les hauts responsables du groupe, en vain. "Ils n’ont pas les compétences pour comprendre l’étendue du problème", a-t-il asséné. "Surtout, leurs bonus de dirigeants les incitent à faire passer les profits avant la sécurité."
Fin août, la révélation par la presse du rapport du lanceur d’alerte, très respecté dans le milieu de la cybersécurité, avait fait l’effet d’une bombe. Twitter a rejeté ces accusations comme infondées, mais elles sont tombées à pic pour Elon Musk.
Mais on peut aussi faire un rapprochement entre ce retrait et la création un mois plus tôt, sur le même Twitter, du compte ElonJet, qui suit depuis les mouvements du jet privé de Elon Musk, ce qui lui a valu des critiques sur son empreinte carbone, en plein canicule mondiale.

Elon Musk a ensuite réagi à la traque de son jet privée par le développeur Jack Sweeny. L’homme le plus riche du monde se sent, selon lui, espionné, au point de proposer la petite somme de 5000$ à Sweeny pour qu’il arrête ses activités.
Une somme que le jeune développeur de 19 ans a refusée car cela va à l’encontre de ses principes, mais aussi des valeurs écologiques qu’il porte. Il a cependant fait monter les enchères avec Elon dans un échange de Tweets.

Notons aussi sur Twitter : #celebjets et I fly Bernard, deux comptes qui ont suivi d’autres jets privés.

Pour l’instant, aucune loi interdisant le suivi des vols n’a été prononcée, autant en France qu’aux Etats-Unis.

Vente de nuages
La jeune artiste noa jansma s’est rendue célèbre en lançant en 2017 le projet politique et artistique #dearcatcallers, It’s not a compliment créant le compte instagram #dearcatcallers où elle collecte des selfies produits à chaque fois qu’elle subissait un acte de harcèlement de rue, selfies dans lesquels apparaissent ses harceleurs.

Après avoir reçu une attention énorme autour de ce projet, Noa Jansma est quitté ce thème - ou l’a élargi plutôt - sur la question de la prédation, du colonialisme, avec le projet Buycloud, dans lequel elle permet l’achat de nuage avec l’aide d’une IA et d’un site web.

Buycloud is a research on the transformation of "natural phenomena" to "exploitable resources".
A process that carries a story that must be told in relation to the past (colonialism), the present (climate change, corporate landgrabbing), and the future (extraterrestrial occupation).

Getty Images et le droit d’auteur, une histoire compliquée
Getty images cesse d’accepter les images générées avec des AI sur base de banque d’images, considérant que les droits d’auteurs pourraient être violés. Un grand nombre de paradoxes construisent cette situation : Getty Images est connu pour avoir lui-même créé sa banque d’images à partir de stocks qu’il a considéré lui-même comme libre de droit (et donc libre d’être accaparés pour un usage commercial car ne disposant pas de licence) et donc ce respect affiché a quelque chose d’hypocrite. En vérité, deux problèmes se posent : les recours futurs possibles en l’absence de cadre juridique actuel clair, qui a probablement été alerté par ses avocats, et la possible saturation des serveurs par des millions d’images générées par des petits malins désireux d’utiliser les AI et Getty Images pour obtenir des revenus en faisant travailler infatigablement des robots.

"Les applications d’intelligence artificielle et d’apprentissage automatique (DALL-E, Craiyon) échantillonnent le travail d’autres artistes pour créer du contenu. Ces contenus générés peuvent référencer des centaines, voire des milliers, de travaux d’autres artistes pour créer des images dérivées" , ont déclaré les mods de FurAffinity. "Notre objectif est de soutenir les artistes et leur contenu. Nous ne pensons pas qu’il soit dans l’intérêt de notre communauté d’autoriser le contenu généré par l’IA sur le site."


Sur le site de Dall-E, une image d’ours avec des ordinateurs générée via AI.

Voir l’article sur Gamingdeputy.com
Voir un article sur ddg.fr

Condamnation de Deliveroo en France
condamnation de Deliveroo en France à un montant de près de 9,7 millions d’euros. Soit 6,4 millions au titre des cotisations sociales qu’elle aurait dû verser si elle avait fait travailler ses livreurs en tant que salariés, et non comme des indépendants, auxquels il faut ajouter 2,5 millions d’euros de pénalités dues pour l’infraction de « travail dissimulé », et 750 000 euros de majorations de retard.

« Deliveroo, qui se définit comme une plateforme de mise en relation, ne se borne pas à mettre en relation des clients finaux et des restaurants partenaires, qui ne sont jamais en contact, mais exécute elle-même la livraison des repas préparés par le truchement de livreurs, de sorte que la livraison relève indissociablement de son activité », indique le jugement, selon l’Agence France-Presse. Dans ce cadre, les livreurs doivent bien être considérés comme des salariés.

La société Deliveroo a été condamnée, en outre, à verser 50 000 euros de dommages et intérêts à chacune des cinq organisations syndicales de salariés (CGT, Union Solidaires, SUD-Commerces et services, SUD-Commerces et services Ile-de-France et Syndicat national des transports légers) qui s’étaient portées parties civiles pour « préjudice moral ».

L’Urssaf reprochait à la plateforme britannique d’avoir dissimulé 2286 emplois de livreurs en Ile-de-France entre le 1er avril 2015 et le 30 septembre 2016 et, en conséquence, de ne pas avoir versé les cotisations sociales afférentes.

"L’enquête de l’Urssaf porte sur un modèle ancien qui n’a plus cours aujourd’hui", selon la plateforme.
"Aujourd’hui, les livreurs partenaires bénéficient d’un nouveau modèle basé sur un système de + connexion libre + qui permet aux livreurs partenaires de bénéficier d’encore plus de liberté et de flexibilité", indique Deliveroo, en rappelant sa participation prochaine au dialogue social organisé en France pour les travailleurs des plateformes.

Deliveroo, condamné pour la deuxième fois, va probablement faire appel.

Un article de la rtbf sur le sujet.

Tous chaud (24 septembre) : une action en juste contre la police en France, déposé par la quadrature du net

La Quadrature du Net a recueilli les mandats de 15 248 personnes pour déposer trois plaintes contre les principaux outils de surveillance policière déployés un peu partout en France. Elle demande notamment le démantèlement de la vidéosurveillance et l’interdiction de la reconnaissance faciale.

https://www.mediapart.fr/journal/france/250922/la-cnil-saisie-d-un-recours-collectif-contre-la-technopolice

Illustration du chat à l’ordi par victorillen sur Flickr

Par Stéphane Noël, Ludi Loiseau, 25 septembre 2022