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Cultures numériques

Cours de Bachelor 1

Le four à micro-ondes

ou le rôle primordial du microcontrôleur

Expérience portée sur le mécanisme du four à micro-ondes par Zoé Bossard, Esmeralda Devaux et Joseph Decroix.

INTRODUCTION

Tout d’abord, il est important de rappeler que notre réflexion s’est construite autour de multiples séances d’un workshop, placé sous la tutelle de Stéphane Noël et Wendy van Wynsberghe : il avait pour thème le microcontrôleur et la place que celui-ci occupe dans notre société.

En effet, sans que la plupart des gens ne le voie, ou ne s’interroge sur son existence, cet appareil, matérialisé le plus souvent sous la forme d’un petit boitier électronique, est indispensable au bon fonctionnement d’un grand nombre d’appareils qui rythment notre quotidien. C’est en partie grâce à lui par exemple, que notre téléphone sonne correctement pour nous avertir d’un appel, ou que la lampe de notre salon s’allume lorsque nous appuyons sur l’interrupteur.

Invisible, ce petit engin partage donc notre vie, au même titre que notre animal de compagnie préféré. L’humain moderne est tributaire de ce petit appareil, grâce auquel son confort est possible en somme. Pourtant, qu’il se trouve relié à des systèmes embarqués complexes, robotiques ou plus simplement à notre électroménager, le microcontrôleur n’a qu’un seul but et répète inlassablement le même schéma, toute son existence : c’est la boucle du microcontrôleur.

LE MICROCONTROLEUR

Naturellement, le microcontrôleur à lui seul ne suffit pas à faire marcher un lave-vaisselle : S’il est le cerveau, alors les actuateurs (moteurs) sont les nerfs et les capteurs, les sens. Comme dans le corps d’un être humain, il y a dans une machine, une toile synaptique, dédiée au traitement et à l’interprétation de l’information.

Au sein de l’appareil, le réseau électromécanique formé par ces éléments suit un chemin typique bien précis. D’une manière générale, le capteur reçoit une information extérieure, sous différentes formes (pression, mouvement) mais familière, et la distribue au microcontrôleur. Ce-dernier, après analyse, envoie l’information traitée pour actionner un moteur, qui transformera cette-dernière en une action concrète et visible pour l’homme.

Malgré tout, il manque un fragment, pour que l’équation du microcontrôleur fonctionne. Ce fragment est incarné par l’algorithme, suite d’informations et d’instructions déterminées permettant de résoudre un problème ou d’obtenir un résultat. Si le processus de circulation de l’information d’effectue par voie électronique, le fonctionnement interne du microcontrôleur est algorithmique : c’est par le biais de cet outil issu de l’informatique, que l’information est traduite de façon aussi fluide et sans accroc.

INTRODUCTION AU PROJET

Après avoir intégré les tenants et les aboutissants de ce qu’était un microcontrôleur, il nous incombait de formuler une performance, un texte ou n’importe quelle forme d’expression artistique. L’idée étant de décontextualiser le rôle d’un appareil dans un espace plus « ludique ».

Notre proposition devait s’articuler autour d’une machine, utopique ou bien réelle, qui interagirait avec un être humain. La SEULE contrainte était que le rôle du microcontrôleur soit identifiable et conforme à sa propre définition, que son procédé, une fois déconstruit soit bien compréhensible.

Lorsque nous prîmes une décision, notre choix se porta sur le four à micro-ondes. C’est un appareil que la plupart des gens et par extension des étudiants possèdent, et il nous semblait opportun de jouer avec cet aspect. Nous voulions mettre en place une idée intelligente et qui fasse, pourquoi pas, sourire au moins quelques personnes.

EXPLICATION DU PROJET

Nous sommes partis dans deux directions sensiblement différentes mais qui finalement, se recoupent et se rapprochent.

1- Un texte est écrit. C’est le récit du microcontrôleur, sa vie, la morosité de son existence. Comme une sorte de mode d’emploi, le narrateur (qui se trouve être le microcontrôleur) nous raconte la monotonie de ses journées. C’est un mode d’emploi d’une vie d’une certaine manière.

Non sans nier l’aspect pédagogique et explicatif, nous voulions ajouter des atours mélancoliques et poétiques à la chose ennuyante que peut-être de lire un mode d’emploi. Humaniser la machine d’une part, et par ricochet faire participer nos camarades étudiants.

Chaque participant, de dos par rapport aux 3 lecteurs de ce « mode d’emploi », doivent interpréter par le dessin ce qu’ils comprennent comme le fonctionnement du four à micro-ondes et du microcontrôleur. Le résultat est souvent anarchique puisqu’aucune contrainte de représentation n’est donnée. Par conséquent, un second aspect, performatif se dégage de cette proposition textuelle : la voix, le discours et la prononciation du texte sont mis en avant.

Récit du micro-contrôleur

Je suis le micro-contrôleur, je vérifie constamment le capteur de la porte.
Cette fois-ci le capteur se réveille.
Je traite l’information, la porte vient de s’ouvrir.
"Actuateur lumière, ALLUME-TOI"

Pendant ce temps là, je continue de checker les capteurs.

AAAH ! Je contrôle le capteur : le signal a changé.
Je traite l’information, la porte est fermée.
"Actuateur lumière, ETEINS-TOI"

Pendant ce temps là je continue de checker les capteurs.

AAAH ! Je vois que les capteurs programme température et minuterie se réveillent.
Je traite l’information, les boutons ont été pressés.
"Actuateurs lumière, température, minuterie et rotation plateau, ENCLENCHEZ-VOUS !"

Pendant ce temps là je continue de checker les capteurs.

AAAH ! Minuterie écoulée : " Actuateurs rotation et lumière ARRÊTEZ-VOUS !!"
"Actuateur son, c’est ton moment, SONNE !!"

Pendant ce temps là je continue de checker les capteurs.
AAAH ! Je contrôle le capteur : le signal a changé.
Je traite l’information, la porte vient de s’ouvrir.
"Actuateur lumière, ALLUME-TOI !"

Pendant ce temps là je continue de checker les capteurs.
AAAH ! Je contrôle le capteur : le signal a changé.
"Actuateur lumière, ETEINS-TOI !"

Forme littéraire axée sur le code

Je suis le micro-contrôleur, je vérifie constamment le capteur de la porte.

Si le capteur de la porte "se réveille"
alors : La porte vient de s’ouvrir
ET J’envoie à l’actuateur lumière l’ordre de s’allumer.

Sinon,
je continue de vérifier perpétuellement les capteurs.

Si le capteur de la porte "dort"
alors : La porte est fermée
ET J’ordonne à l’actuateur lumière de s’éteindre.

Sinon,
je continue de vérifier perpétuellement les capteurs.

Si le capteur du programme température et minuterie se « réveillent »
alors : j’ordonne aux actuateurs lumière, température, minuterie et rotation plateau de s’enclencher.

Sinon,
je continue de vérifier perpétuellement les capteurs.

Si le temps est passé : actuateurs température, rotation et lumière.
alors : je leur ordonnent de s’arrêter
ET j’ordonne à l’activateur de la sonnerie de s’enclencher.

Sinon,
je continue de vérifier perpétuellement les capteurs.

Si le capteur porte se « réveille »
alors : la porte est ouverte
ET j’ordonne à l’actuateur lumière de s’allumer.

Sinon,
je continue de vérifier perpétuellement les capteurs.

Si le capteur porte « dort »
alors : j’ordonne à l’actuateur lumière de s’éteindre.

Sinon,
je continue de vérifier perpétuellement les capteurs.

2- Une vidéo, ayant comme base le texte précédant montre une personne interprétante librement celui-ci. Par le dessin encore, mais la vidéo donne un aspect intemporel, et le dessin un mantra traduit un mantra presque rituel ou le temps semble s’être échappé.

Nous voulions en réalité transcender la première proposition, puisque la personne qui dessine sait de quoi le texte parle à l’avance, et décide malgré tout dessiner un schéma de circuit électrique/ électronique. Mais c’est avant tout une esthétique née de l’improvisation qui est ici mise en valeur.

Par , 19 novembre 2017