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Cultures numériques

Cours de Bachelor 1

"Les voilas quoi "

Du mythe de Platon à l’addittivisme, étude morphologique

Amelianne Papez, Patrick Teixeira, Elie Pagnier, Marine Silvestre de Sacy, Justine Thery

Dans le cadre du cours d’outils numérique concernant l’additivisme, il nous a été demandé de nous intéresser à une partie de ce vaste sujet. On nous a donc présenté une série de logiciels et de sites en rapport avec ce qui nous était demandé et le logiciel de MakeHuman et les questions qu’il soulève concernant le genre et la marge de représentation de celui-ci nous a intéressé.

De ce fait nous nous sommes aperçus que sur MakeHuman le genre n’y figurait pas au niveau des caractéristiques biologiques ou sexuelles mais qu’à la place on pouvait y trouver des " créatures" sans sexe identifiable. Nous avons donc décidé de travailler à la construction de corps non genrés.

I. Le mythe de l’angrogyne de Platon : point de départ de la recherche.

De ce constat, nous sommes remontés aux "origines" de l’androgyne, jusqu’à Platon qui traite de ce sujet dans Le Banquet à travers la bouche du personnage d’Aristophane dont voici une version raccourcie :

" Jadis notre nature n’était pas ce qu’elle est actuellement. D’abord il y avait trois espèces d’hommes, et non deux comme aujourd’hui : le mâle, la femelle, et en plus de ces deux-là, une troisième composée des deux autres [...]. c’était l’espèce androgyne...]. De plus chaque homme était de forme ronde sur une seule tête, quatre oreilles, deux organes de la génération, et tout le reste à l’avenant. […]
Ils étaient d’une force et d’une vigueur extraordinaire [...[]] ils attaquèrent les dieux et […] tentèrent d’escalader le ciel […] Alors Zeus délibéra avec les autres dieux [...]
Enfin, Zeus ayant trouvé, non sans difficulté, une solution, […] il coupa les hommes en deux. Or, quand le corps eut été ainsi divisé, chacun, regrettant sa moitié, allait à elle ;[...] « 


Ce mythe soulève donc de nombreuses questions autour du genre et de sa représentation, autant dans les esprits que dans son aspect physique.

Nous avons voulu poursuivre notre réflexion en direction de la déformation en nous intéressant à la vision, la représentation du corps à travers l’histoire l’art occidentale. Quels étaient les normes au fil de l’histoire déterminant les corps ? Comment l’art a déformé les corps pour représenter les canons de beauté ? « L’art joue un rôle clef dans la représentation et le renforcement de ces valeurs » L’art et le corps.

II. L’histoire de l’art : représentations des canons de beauté de la femme et de l’homme.

De nombreuses œuvres au fil de l’histoire sont vouées à représenter l’idéal masculin et féminin. L’artiste peint son idée de cet idéal mais représente aussi les critères de beauté d’une certaine société. Nous allons donc voir que ces critères changent au fil de l’histoire et dépendent aussi beaucoup des genres. Une femme n’a pas les mêmes obligations pour être « belle » qu’un homme. Voici quelques exemples.

Le discobole, Myron :
Durant l’Antiquité les corps athlétiques jeunes sont admirés. La beauté est qualifiée par l’apparence sportive et l’esprit. C’est donc les hommes qui sont synonymes de beauté. Les femmes étant considérées comme inachevées et dépourvues d’esprit, elles sont alors associés à la laideur.

Ippolita Maria Sforza, Domenico Ghirlandaio :
Au moyen âge les corps des femmes étaiet considérés comme porteur de péchés elles étaient toujours associées à la laideur. Cela n’a pas empêché la présence de normes concernant leur physique. Les femmes nobles devaient être grandes, minces, blondes, la peau la plus blanche possible pour symboliser la pureté et aussi posséder un grand front. La beauté des hommes est décrite par une grande taille, des épaules larges et des cuisses musclés.

La naissance de Venus, Botticelli :
A la renaissance les femmes commencent à être reconnues comme être dotée de « beauté ». La Venus de Botticelli représente l’idéal de beauté de l’époque. Peau très blanche, cheveux clairs, elle n’est pas mince mais n’as pas trop voluptueuse non plus. On remarque que la Vénus est déformée, cou trop long, épaules basses.

La grande Odalisque, Ingres :
On retrouve plus tard une déformation anatomique évidente au profit de l’idée de beauté dans le tableau de la grande odalisque d’Ingres. Le peintre à fortement déformé son modèle pour accentuer la lascivité de la pose. La femme possède 3 vertèbres en trop et sa jambe semble disloquée. Le mouvement néo-classique recherche des courbes parfaites dans les corps.

A travers ces exemples nous voyons bien que les canons de beauté sont fortement genrés tout au long de l’histoire de l’art. Les déformations des corps sont là pour accentuer la division binaire des corps. Le corps est porteur de sens, il ne peut être perçu à l’état de nature. « [Le] moi physique est toujours l’effet d’un corps structuré par des normes culturelles, c’est une projection culturellement construite, une idéalisation négociée par les normes culturelles dominantes. Le corps que nous avons ne devient vivable qu’en étant d’abord forgé d’une manière culturellement intelligible. (…) Il n’est pas possible d’avoir une expérience directe et vécue du corps sans passer par les structures culturelles qui le rendent intelligible »Butler.

III. Modélisation des « Voila quoi »

Nous avons décidé de continuer notre travail sur les déformations. Celles-ci ont pu être utilisé dans l’histoire de l’art comme un outil pour renforcer les deux sexes sociaux, maintenant comment les utiliser dans un but contraire ?

Pour se faire, la modélisation s’est repartie entre deux logiciels Makehuman et Meshlab. Makehuman s’est révélé être le logiciel le plus adapté pour la conception des corps composites des androgynes. Il nous a permis de modéliser des corps à partir de mesures prises de nos propres corps.

Cette idée d’utiliser nos propres mesures est venue du constat que la conception d’un corps parfait est illusoire, de plus nous avons décidé d’utiliser nos mesurent pour ne pas trop nous éloigner du réel tout en ôtant toutes possibilités d’assignation à un genre par le biais du physique. Sur un niveau plus plastique, le mélange aléatoire de nos mesures masculines et féminines a permis de créer des formes inattendues du aux disproportion. Durant l’utilisation de Makehuman nous avons été surpris par les différentes catégorisations des caractéristiques des avatars notamment au niveau des trois "races" : caucasien, asiatique et africain, qui reposent sur des stéréotypes raciaux échelonné sur des curseurs Le problème se pose également sur la représentation des organes génitaux qui sont soit inexistant ou payant. Malgré les problème éthique que Makehuman soulève, ce dernier reste un outil de travail intéressant , facile d’usage qui nous permis de nous familiariser avec la modélisation 3D, aucun de nous cinq en avait fait auparavant.


Ces « voilà quoi » sont donc des êtres hybrides possédant nos attributs ou mesures mélangées entre elles, ce procédé montre entre autre l’évolution des normes de genre et questionne le processus et la possibilité de toujours attribuer un sexe à quelqu’un. Comment sortir de l’assignation constante des corps à l’un des deux sexes sociaux ? Nous nous devons de prendre en compte aussi l’existence d’un troisième genre, ou ces personnes qui ne veulent pas se revendiquer d’un seul sexe comme on peut le voir dans plusieurs pays avec le genre neutre ou encore la nouvelle existence officielle en Californie d’un troisième genre dit : « non binaire » (cf l’article dans le figaro). Ces corps en 3D que nous avons construits montrent des corps irréels parfois un peu étranges et inhabituels qui illustrent de manière caricatural ce concept d’êtres non-genrés ou au contraire pangenre ou même une identité de genre fluctuante.

Par , 13 novembre 2017