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Cultures numériques

Cours de Bachelor 1

Les Lurkers

Compte-rendu du workshop "Bring Your Own Geek" par Yasmine Salem, Vittoria Terzo et Sébastien Roques.

C’est lors de la conférence de Renaud Maes que nous nous sommes tous les trois pris d’intérêt pour la multiplicité des profils répondant au nom de geeks. Nous avons notamment trouvé très intéressants les exemples tels que celui des fans de Star Trek, qui illustre à merveille comment une communauté peut développer sa propre pensée en dépassant même l’idéologie de l’oeuvre qui en rassemble les membres.

Lors de la première session du workshop, nous avons pensé aborder le geek dans son aspect de fan mais avons finalement préféré nous intéresser à une figure encore inabordée lors de la conférence : celle du Hikikomori, un phénomène sociétal de repli sur soi-même né et présent principalement au Japon. Cependant, en nous intéressant de plus près au sujet, ce personnage s’est avéré ne pas systématiquement se revendiquer du geek et sa posture être plus une rébellion sociale qu’une appartenance communautaire. Au cours de l’exercice proposé, nous sommes néanmoins parvenu à dresser trois listes le caractérisant : ses gestes, son vocabulaire et ses objets.

Lorsqu’il nous a fallu nous définir en tant que nouvelle figure de geek, notre connaissance superficielle de la technologie malgrè notre curiosité et notre intérêt pour l’étude sociologique de Renaud Maes nous a poussé à nous définir en observateurs : les Lurkers. Dérivé de l’anglais "to lurk" (observer sans participer), ce terme induit la revendication suivante : "Nous sommes les Lurkers et nous pensons que la technologie, notamment internet et l’anonymat qu’il offre, est un milieu propice à l’éclosion d’une infinité de contre-cultures que nous aimons observer comme des révélateurs de la complexité humaine." Etant tous les trois pratiquants d’une certaine forme de lurking (bien que moins radicale que celle que nous décrirons plus tard) nous avons défini la figure du lurker en listant¹ nos propres comportements, notre vocabulaire et les objets auxquels nous avons recours, selon le même procédé que lors de la première session.

Lors de la troisième session de workshop, nous avons dû développer un support de partage et présentation de la figure du lurker. Nous avons opté pour le manifeste car l’aspect revendicatif nous intéressait particulièrement : le lurking ne revient pas seulement à perdre son temps, cela consiste en une ouverture sur d’autres pensées et en une remise en perspective nos propres centres d’intérêt. A côté de ce premier aspect, nous partagions tous trois un attachement particulier au support papier et, par là, à sa mise en page. Puisque notre pratique consiste à nous nourrir et à répertorier différentes sous-cultures aux identités visuelles propres, nous avons décidé de faire cohabiter des polices rattachées à différentes cultures web, imitant ainsi le brassage que l’on peut trouver sur des sites comme reddit, tumblr, 4chan, bref, nos principaux observatoires.

Notre manifeste est une compilation des différentes caractéristiques propres au lurker que nous avions précédemment listées.
Qu’elles prennent la forme de communautés unies autour d’une passion commune, de phénomènes de mode ou de manière de vivre à part entière, les phénomènes culturels qui nous intéressent le plus sont ceux qui ne s’observent pas dans la rue. En connectant entre eux un très grand nombre d’individus, Internet a estompé le sentiment unicité de chacun d’eux. Quels que sont ses centres d’intérêts, ses conceptions esthétiques, son mode de vie, chacun peut désormais trouver ceux avec qui ils les partagent. C’est cette curiosité et cet émerveillement devant cette potentielle infinité de "mini-cultures" qui rassemble les lurkers.

1. https://annuel.framapad.org/p/lurkers

Par Bring your own geek, 7 janvier 2019