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Cultures numériques

Cours de Bachelor 1

Les démissionnaires d’avatars

Marou, Agathe Wolff, Amaury Valvatte, Noé Sabard

Le point de départ était la figure de l’avatar. Cependant cette figure ne se trouvait pas être explicitement une figure de geek à proprement parler. Il était aussi compliqué de revendiquer à partir de- et d’incarner ce point-de-vue.

Nous sommes les démissionnaires d’avatars.
Nous avons créés de multiples profils, pour les abandonner parfois avec une certaine nostalgie, ou sans remord. Nous continuons de créer des comptes réels ou fictifs destinés à être, à leur tour, désertés, oubliés, délaissés.
Nous créer des comptes fictifs a tout d’abord été un besoin, un arrangement diplomatique pour certain.e.s, une nécessité pour d’autres. Nous avons été conduit.e.s à faire foisonner nos identités virtuelles, à créer 1, 2, 3, 4 comptes sur les réseaux de toutes sortes ; les sites de vente en ligne, les jeux en ligne, les réseaux sociaux, etc...
Par la suite, cette prolifération cybernétique nous a dépassé.e.s. Il n’a plus été possible pour nous d’occuper nos diverses identités. Nous avons été forcé.e.s d’en mettre certaines de côté. Voyant que les abandonner n’était pas une tâche aussi difficile celle que nous imaginions, nous avons commencé.e.s à démissionner d’un nombre toujours plus grand d’avatars. Ceux-ci, plus ou moins intensément chargés d’un vécu virtuel, ont ainsi obtenu leur indépendance.
L’indépendance de nos personnalités virtuelles nous est apparue comme la condition sine qua non de l’interaction que nous voulions établir avec le monde numérique.
Se construire à travers des profils une existence numérique nous semble être une action profitable. Mais ces différents profils participent d’une surveillance généralisée, tant par les data analyst que par la surveillance policière.
C’est pourquoi nous vous invitons à libérer vos avatars, que ceux-ci continuent d’habiter l’espace numérique, mais qu’ils n’aient plus d’habitant. Laissez-les véhiculer ce dont vous les aviez préalablement chargés. Laissez-les exister sans vous. Laissez leur porter des messages. Libérez-les et faites leur occuper l’espace, qu’ils soient libres d’émettre leur coût en CO2, qu’ils soient libres de parasiter les systèmes d’analyses et de surveillance, de mettre en danger la fiabilité des diverses représentations digitales.

Par Bring your own geek, 17 décembre 2018